Radeau de sauvetage

Qu’est-ce qu’un radeau de sauvetage ?

Un radeau de sauvetage est une embarcation de survie insubmersible, conçue pour être lancée rapidement d’un navire en détresse et pour maintenir en vie les personnes évacuées en attendant les secours. Contrairement aux canots de sauvetage rigides, les radeaux sont le plus souvent gonflables et se rangent dans des conteneurs compacts.

radeau


1. Types de Radeaux de Sauvetage

Il existe deux principaux types, définis par leur mode de mise à l’eau :

  • a) Radeaux de sauvetage à lancement libre (Throw-over type) :

    • Principe : Ils sont stockés dans un conteneur sur un ber (une rampe inclinée). En cas d’urgence, après armement, le radeau se libère et tombe directement dans la mer par son propre poids. C’est le type le plus courant sur les navires de commerce et de voyage.

    • Avantage : Permet une évacuation très rapide, surtout si le navire est en train de couler ou de gîter.

  • b) Radeaux de sauvetage à mise à l’eau par bossoirs (Davits-launched type) :

    • Principe : Le radeau, déjà gonflé sur le pont ou partiellement gonflé, est mis à l’eau à l’aide de bossoirs (grues mécaniques). Il est ensuite chargé par les passagers avant d’être descendu.

    • Avantage : Permet d’embarquer des personnes à mobilité réduite en toute sécurité depuis le pont. Souvent utilisé sur les navires à passagers (ferries, paquebots).

Autre distinction : Capacité
Ils existent en différentes tailles, typically de 6 à 50 personnes, mais les plus courants sont de 25 personnes.


2. Principe de Fonctionnement et Gonflage

C’est le cœur du système. Le processus est conçu pour être automatique et fiable.

  1. Stokage : Le radeau est plié et compressé dans un conteneur en fibre de verre ou en plastique robuste. Les éléments essentiels (bouteilles de gaz, cordages, radeau) sont reliés entre eux.

  2. Activation : Deux principes coexistent, souvent combinés :

    • Lanière (Painter) : Une longue corde résistante, la “lanière”, relie le radeau (dans son conteneur) au navire. C’est le système principal.

    • Mécanisme Hydrostatique (HRU – Hydrostatic Release Unit) : Un dispositif de libération automatique est connecté entre la lanière et le conteneur. Il est conçu pour se déclencher à une certaine profondeur (généralement entre 1,5 et 4 mètres) si le navire coule sans que le radeau ait pu être lancé manuellement.

  3. Séquence de Gonflage :

    • Lorsque l’équipage jette le radeau à la mer (pour les modèles à lancement libre), la lanière se tend.

    • La traction sur la lanière actionne un percuteur qui perce la bouteille de gaz (généralement du CO₂) située à l’intérieur du conteneur.

    • Le gaz se précipite dans les chambres à air du radeau, qui se gonfle automatiquement en moins de 60 secondes (souvent autour de 30s), et le conteneur s’ouvre.

    • Une fois gonflé, la tension sur la lanière casse les liens en plastique qui retenaient le radeau au navire, le libérant complètement.

Schéma du processus :
[Navire] ← (Lanière) ← [Conteneur du radeau] ← (Cordes de retenue fragiles) ← [Radeau gonflé]
→ La traction sur la lanière gonfle le radeau.
→ Une fois gonflé, la tension casse les cordes fragiles, libérant le radeau.


3. Équipements de Survie Embarqués

La réglementation internationale (Convention SOLAS) impose un équipement de survie standardisé dans chaque radeau. Il comprend :

  • Une trousse de premiers secours.

  • Des moyens de signalisation : Fusées à parachute, fumigènes, miroir de signalisation.

  • De l’eau et de la nourriture : Sachets d’eau potable et ration alimentaire énergétique par personne.

  • Des moyens de repérage : Une lampe automatique qui s’allume au gonflage et un radar transpondeur (SART) pour être détecté par les navires rescue.

  • Des pagaies pour s’éloigner du navire en perdition.

  • Un couteau de sécurité (souvent attaché près de l’entrée pour couper la lanière en cas de besoin).

  • Une pompe à pied et un kit de réparation pour les chambres à air.

  • Un ancre de fortune (ancre flottante) pour stabiliser le radeau et limiter la dérive.


4. Réglementation Internationale (SOLAS)

La Convention SOLAS (Safety Of Life At Sea) régit de manière très stricte tous les aspects des radeaux de sauvetage :

  • Nombre : Un navire doit avoir assez de radeaux (et canots) pour accueillir 100% des personnes à bord + 50% en radeaux supplémentaires (en cas d’impossibilité d’utiliser un côté du navire).

  • Emplacement : Ils doivent être facilement accessibles, répartis équitablement des deux côtés du navire (bâbord et tribord).

  • Inspection et Maintenance : Ils doivent faire l’objet d’inspections hebdomadaires et mensuelles par l’équipage. De plus, tous les 12 mois, ils doivent être inspectés et entretenus par une station de service agréée qui vérifie le gaz, les coutures, les équipements et la date de péremption de la nourriture et des fusées.


5. Procédure d’Utilisation en Cas d’Abandon du Navire

  1. Préparation : Mettre une combinaison de survie et un gilet de sauvetage.

  2. Lancement : Deux personnes minimum transportent le conteneur jusqu’au bastingage. Ils le jettent par-dessus bord. IMPORTANT : Il faut s’assurer que la lanière est bien attachée au navire.

  3. Gonflage : Le radeau se gonfle automatiquement une fois à l’eau.

  4. Embarquement : Une fois gonflé, on monte à bord. Si le radeau est encore attaché au navire qui coule, il faut impérativement couper la lanière avec le couteau prévu à cet effet pour éviter d’être entraîné par le fond.

  5. Éloignement : Utiliser les pagaies pour s’éloigner le plus rapidement possible du navire en perdition (risque d’aspiration, d’explosion ou d’éclats).

  6. Mise en sécurité : Jeter l’ancre flottante, vérifier l’état des personnes, organiser les quarts de surveillance et n’utiliser les moyens de signalisation qu’à bon escient (à l’approche d’un navire ou d’un avion).

En Résumé

Les radeaux de sauvetage sont des équipements vitaux, automatisés et hautement réglementés. Leur principe de fonctionnement repose sur un gonflage automatique par gaz CO₂ déclenché par la simple traction d’une corde. Leur conception et leur équipement sont optimisés pour maximiser les chances de survie en attendant les secours, faisant d’eux un élément absolument essentiel de la sécurité maritime moderne.